mercredi 15 décembre 2010

La Mer.



Take it as it comes - reflets dorés d'un océan les yeux rivés sur la ville, les yeux brisés par les rues grises, aux prunelles plus profondes encore pourtant que chacun des creux alcalins de Paris.

Prendre des milliers de choses dans les mains pour les lancer plus loin, au dehors de l'espace qu'on nous impose, comme pour affirmer notre sainte humanité, fuyez, fuyez, dépravons-nous plus loin Phily et Aude, aimons-nous pour de vrai !

Mais est-ce là ton rôle ? Faux bordels de ton âme, ils pourraient bien te prendre pour un fou, un criminel comme tu le souhaites, un partisan des larmes, mais ils ne verront pas la noblesse de ton combat ! Qui observe, félon, tes gestes de pantin, qui accepte dis-le moi de quitter les joutes rassurantes des villes sans passion ?

Laisse-les sentir pesamment la croûte sucrée, mais toi, dépose ici les lances du vaisseau des ingurgitations aveugles. Meurs, meurs de faim, laisse entrevoir ton ossature larvesque, et tu vivras bien plus heureux encore, au sens même où tu voudras l'entendre.

Les mers sont vastes, et de leurs hautes tours, murs constitués des embruns de leur colère, elles appellent au départ les enfants les plus frêles. What's the linkage between oil and gas price, Mister B. ? Where's the oil-water contact ? Won't you tell me ?


Et déjà des vieillards par dizaines refluent vers les jardins, et ressortent une à une les planches de la barque - vestiges de l'enfance, d'un futur suggéré.

Il faut combattre, mais ton arme est ton silence et ta docilité, tu t'envoleras bien assez haut pour qu'ils réalisent enfin que l'océan se chargeait du destin de tous, mais pour eux peut-être, il sera trop tard. Tu n'auras pas parlé, toi, tu seras sauf. Convaincre est le crime le plus traître que l'écume aime à broyer, prosélytes sont les femmes, mon enfant, qui jamais, jamais ne jouirent.

L'océan est ma patrie, et Dieu est océan. Hemingway, peut-être Cocteau, en prophètes abyssaux.

vendredi 26 novembre 2010

La fin de l'homme, Samson




Répit.
Couleurs sombres, fatigues ardentes d’un faux jour qui tombe. Je m’enferme et prie Dvorak et Saint-John Perse. C’est le grand démarrage. Je prends l’alcool et brûle, brûle, brûle ma raison. Oui brûlent les forêts, les dénis d’Ether, des particules de lune. La lance de l’ennui pour alimenter brasiers et insouciances, et la flamme délirante de ton nom, et nos réclusions sensées. C’est la nuit qui fait débuter mon jour, c’est le bleu fixe et pâle de l’ultime regard d’Orphée sur Eurydice, le jaune du poète, le noir du sang des lions, le règne d’Aphrodite, ou bien la chaleur douce des larmes retenues. C’est tout cela qui me fait vivre au soir. Je grimpe d’épaisses marches. En bas, tout en bas, des bras aimés qui vers moi se tendent et m’interpellent, minuscules, pourtant si proches.

Constats amers. Expériences aisées.
Ai-je opéré ainsi, calciné mes frères durant leur sommeil oublieux alors que je veillais ? Sous quel acide effet, moi l’enfant des artifices ? Doux monde, jolie farce, soupir consumé, je m’étale sur un lit de cendres, ici même où par ma science la ville entière a brûlée. Marche transie dès lors, à peine plus tranquille qu’au matin. Chaque nuit comme comburant alimente mes vengeances. Je dors sans soif, effrayé par mes douloureux orgasmes, et me réveille en pleurs. Toujours, chaque matin.

Folie. Tout brûle et puis rebrûle. C’est l’heure de se lever.
Le métro brûle, la ligne une, la plaignante femme brûle que je bouscule pour entrer, brûlent les visages las, les malhonnêtes, les âmes défroquées parce que tendues et blêmes, brûlent les beaux mâles aux paroles inutiles, qui trahirent honteusement l’homme par leur honneur et leur fierté, qui le tuèrent. Brûle l’honneur et brûle la fierté. Chute des temples du délire, disparition des murs renégats. La fin de l’homme, Samson. Brûlent les hérauts des grandes tours, brûlent les badauds de l’ouest parisien. Ceux qui brandissent le glaive périront par le glaive. Huit heures du matin n’existera plus que dans le sang.

Passion.
Ces théorèmes m’amusent, Ô ma mie. Il fait chaud à Paris car tout s’encrasse, et toi seule m’apporte encore l’ivresse et l’amertume paisible des bancs de neige de jadis. En toi je retrouve la candeur du macareux, l’absence légère de l’albatros, l’étoffe du tournepierre, la violence des glaces qui se heurtent et le regard ferme de ces monts zélés qui fondent dans les fjords. Toi seule a le pouvoir de rassembler mes forces, et c’est depuis ton refuge au nord de l’Arctique que j’étudierai les scénarios de mon déclin. Tu rêves, vieux ? C’est bientôt onze heures, putain. L’être qui te fait face aura bientôt fini d’aspirer ton âme, en la pénétrant d’épines structurelles, et tu seras encore là à réciter tes vers.

Passion #2.
Ces théorèmes m’amusent et c’est ma vie que je déplace sur un échiquier d’airelles et de bruines. L’écoute est sélective, la plume et les carreaux, et j’écris quelques lignes pour éveiller en moi les longues mémoires sourdes. C’est la théorisation des théorèmes qui m’excite, au fond, non la mathématisation systémique primée par mes chers maîtres. Béni soit leur savoir fétide et niais. C’est l’amour que je te portais qui m’a perdu, tes yeux assombris par l’effluve lacrymal n’avaient de sens que pour moi et ma jeune bêtise. Aujourd’hui c’est ainsi que j’existe, en chérissant les femmes infidèles.

Repas.
Douze affairés, qui partagent ma tablée. Lucien, Vernon et Dorothée, Noémie, Serpent et François-Blaise, Sidonie, Falace, Cassiopée. Nous parlons d’effroi, d’accidents, de futur, d’arbitrage, d’ambition, de ravalements, de synthèses infléchies, d’alibis, d’évidences de vérité, d’économie. Nous parlons d’images grises, de sols verdâtres. D’honneur, vieilles putes, et de fierté. Sous-sol mal aéré, depuis tant d’années déjà les techniciens s’affairent, mais la poussière ici demeure et leste les bronchioles. Me nourrir est un calvaire, et me voilà si frêle. Stabat Mater.

Repas #2.
Ou bien douze affairés, oui, qui viennent en silence et que j’appelle par leur nom ! Chères années folles, mes tendres amis ! John Fante ! Kerouac ! Bergman et puis Dylan ! Burroughs ! Et toi mon cher Dagerman, depuis ta tombe enneigée ! Klaus Mann le germain, Hamsun le grand nordique ! Lovecraft ! Faulkner, Whitman ! Jouissance, jouissance, Louis-Ferdinand Céline ! Reprendrez-vous des pâtes, du café ? Le Soleil n’aurait-il pas jauni, depuis l’année passée ? Les femmes sont douces et belles, n’est-ce pas, et je caresse leur grand corps, nous énonçons des phrases d’ignorance pour la postérité ! Chères années folles, mes tendres amis ! La brume et les essences parcourent mon être d’un grand frisson, et le repas déjà se clôt… Ne partez pas encore ! Ne partez pas, c’est mon âme que je vomis ! Où suis-je ? Que retiens-je ? Qu’observent ces passants ? La bave aigre coule au long de mon destin. Réels et irréels s’encombrent au parloir, et font reluire ces malheureux.

Passion #3.
Repères d’après efforts. Le bleu du ciel peine à masquer le déclin du Soleil. Il est quatorze heures dans une ville froide, c’est l’automne ou le printemps, c’est l’été peut-être et les ruelles sont vides, ou bien l’hiver, et le gris des âmes transparait sur le bitume éreinté. Je pense au souffle que tu me prenais, aux rémissions, aux marches dominicales le long des tombes d’inconnus, où tu ne me voyais pas, et je m’allongeais souvent à leur côté, pour sentir l’espace d’un instant la teneur de l’au-delà. 26 Novembre 2010. Le président à la télé, il change un peu les ministères. Mes amis n’ont pas de nom. Les élections se déroulent dans le calme en Salvatrie. Maria s’est pendue, Francis est satisfait. Les enfants jouent dans le sable épais et morne d’un jardin de Paris. C’est l’hiver. C’est l’hiver dans ma tête. Et je t’aime toujours autant, et je crie, et les morts et les vivants se confondent mécaniquement depuis la nuit des temps, dans une indifférence nauséeuse. Bientôt l’heure de rentrer.

Café, pause et départ.
Production d’effets écrits, un dossier, des rapports, des lignes imbriquées, un mot, deux mots, des mots. Production de paroles longues et sans teneur ou bien trop courtes, de discours, compliments, arnaques sans rythme ou larmoiements exigus. C’est le prix d’un salaire, et l’on y prend goût parfois. Mais pas aujourd’hui, petite, alors qu’une route se construit entre les marais de Louisiane et le cahier que je tiens, alors que l’étreinte se resserre autour ma jeunesse. Alors que la peine assiège les femmes que j’approche, alors que bientôt ivre je longe les chemins gris des hautes tours et que le vide parait moins bas, moins inaccessible. Tremble, ambitieux ! Tremblez mécènes du grand leurre ! Chaque sacrifice scelle un peu plus la fin de votre empire ! Chaque goutte du sang des faibles est une entaille plus profonde encore dans vos blanches carotides ! Comme j’exècre votre nom ! Et je reprends ma plume, et mon cahier, et je me casse, il est vingt heures, je serre quelques mains, et untel au lointain qui rit en m’observant valser.

Répit.
Couleurs sombres, fatigues ardentes du grand soir. Je m’enferme et prie Gödel et Moussorgski. C’est le grand démarrage. Je prends l’alcool et brûle, brûle, brûle ma raison. Oui brûlent les forêts, les émissions d’éther, les particules de lune. La lance de l’ennui pour alimenter brasiers et défections, et la flamme délirante de ton nom, et nos réclusions sensées. C’est cette nuit qui clame la fin des jours, c’est le bleu fixe et pâle de l’ultime regard d’Orphée sur Eurydice, le jaune du poète, le noir du sang des lions, le règne d’Aphrodite, ou bien la chaleur douce des larmes revenues. C’est tout cela qui me fait vivre au soir. Je grimpe d’épaisses marches. En bas, tout en bas, des bras aimés qui vers moi se tendent et m’interpellent, minuscules, pourtant si proches.

dimanche 21 novembre 2010

Trail of Tears/Grand dérangement



Pas à pas, terre de feu, le poids de toute l’humanité sur le dos, les hommes s’essoufflent mains liées, à la fois coupables et décideurs de leur propre inconsistance. Je t’aime comme au premier jour, mon enfant, mais je ne veux pas trahir ce que tu es. Je veux vivre dans un monde sans la paix que tu chéris, car je méprise les clauses collectives tout autant que les savoirs partagés.

Critères de faïence. Critères d’ennui, de délices, de rejets. Mais critères de défis pour nos honorables pairs. Qui croire, qui reprendre, qui descendre le temps voulu mais la main ferme dans un angle quelconque de nos rues ? Celui qui chasse, qui pousse au large ? En voyant le ciel qui s’assombrit - ou bien peut-être sont-ce mes yeux qui refusent d’accepter la lumière – je ne peux m’empêcher de penser aux marches de ces gens, défaits dans leur combat et solitaires impassibles. Faut-il longer les nobles rivières en pleurs, ou bien les traverser penauds ? Pourquoi cette lourdeur dans mes pas, alors que je me place prudent sur l’indication d’un père, sur la banquise de l’immense ville ? Amérique ? Tiédeur ? Ivresse ? Demain ? Je prends les quatre, pour commencer. Et toi, Andrew Jackson, je traite tes aïeux de chiens.

Revenons chez nous. C’est un arrondissement de Paris, en bas. Obtus, sinueux, sentant le foutre et l’irraison. Tout l’inverse des convolutions rêvées, tu vois. Tu pars à la recherche d’un confort, de dorures, d’une couche respectueuse pour accomplir ton heureux vice. Mais les orfèvres que tu cites n’ont pas ta patience, ma belle, ton intégrité s’est perdue dans leurs étoffes, et ils sont désormais bien plus vaniteux que toi, assoiffés du sang nouveau des passants alarmistes, des femmes infidèles. Prends garde. C’est moi qu’ils prennent dans leur filet quand tu leur places une parole, c’est toi princesse, c’est l’amour qu’ils évoquent et détruisent chaque instant. Tu ne trouves finalement qu’abîme, et l’anneau qu’ils t’adressent, le sourire niais, ressemble à leur irascible esprit, cervical et constricteur. Alors tu fuis, chassée comme tant d’autres. Tu vois ? Nous suivons les mêmes routes, à travers les époques. Combien de temps, combien de larmes ? Qui sont les êtres qui migrèrent comme toi vers ces marécages odieux ? Ceux qui suivirent leur mal le long de monts inconnus, vers des terres nouvelles qu’ils ne souhaitaient pas rejoindre ? Je t’emmerde, Andrew Jackson.


Quelques personnages. Là-bas, des fossoyeurs discrets à la plume méritante. Ils sont mes amis, et je leur rends hommage. Leur tâche est sombre et infinie, et si personne ne vient, j’irai moi-même recouvrir leurs draps déchus d’une terre sacrée. Ici une femme frêle, au long manteau d’argent. Qui est-elle, et que fait-elle dans ma rue ? On la croirait nue, sa parure est si mince, et qui laisse deviner ses os défaits, sa maigreur angélique. A-t-elle aimé ? Pense-t-elle encore aux douceurs d’un baiser ? Est-ce le jour que j’attendais enfin, Guenièvre, et voudrez-vous bien m’épouser ? Et la voilà déjà disparue, anéantie par les aigreurs du temps. Je bois. Je vois enfin ce chien qui erre la patte recouverte d’un feuillage décomposé aux terribles relents excrémenteux, dont il cherche depuis des mois à se débarrasser. Il rampe affaibli, apeuré, mais ses cris devant ma porte durent depuis trop longtemps, je n’en ai plus aucune pitié. Est-ce toi Julien ? Est-ce toi qui dégage cette odeur de cadavre, de merde ? Pardon, excuse-moi. Je ne saisis plus tout à fait les lignes de la Vérité telle que Petite Fleur les prescrivait le jour de nos quinze ans. Je me suis perdu, peut-être, sur ces routes un peu bruyantes, et me voilà aigri, quelle honte. Toutes les formes que j’aimais se sont cruellement dissipées devant ma bouche, se sont déformées. Oui, c'est Julien qui revient, cet ami qui jadis me prenait la main.


Alors voilà. Je n’ai plus aujourd’hui de prises que sur ton corps, je le crains, et il est ferme, petite, et doux comme du raisin. Allons. Peux-tu m’aider pour finir, sourire, et m’embrasser ? Ou bien t’ennuie-je à point nommé, mes os déjà brisés ? Sur quelles farces promeut-on les plus malins, dis ? Sur quelles traces engage-t-on nos fuites ? Qui sont les enfants du crime, et dans quel fleuve me noierai-je ? Sur quel arbre ? Sur quels saints écrits se basent les putains ? Combien de morts heureuses mon aimée sur la Piste élue des Larmes ? 

Pas une seule, Andrew Jackson, pas une seule.


Link:  Trail of Tears- An American Tragedy-Johnny Cash

mercredi 17 novembre 2010

Soyons fous.



Soyons fous. Reprenons. L'acuité a repris sa remarquable ascension, à grands coups d'illusions, de sévices maquillés et d'idiomes nouveaux pour adultes désavisés. Je sais, donc je sais. Ignoble maxime. La relativité des vérités s'acquiert par le mouvement, et celui-ci prend des allures de fuites contrôlées. La relativité se révèle alors être elle-même inconsistante et dépourvue de sa fragile noblesse. Heureux soient ceux qui pleurent, et répondent aux artifices du monde par les larmes, symboles du passage à l'immanence supérieure des terres obscures. Absurdes sont les paroles des béats, je récuse leurs débats et évoque a contrario la désindividuation assumée, cette espèce de mort ponctuelle et permanente, sans cesse réinvoquée, qui seule nous fait parvenir à l'émotion suprême. Et si tu avais raison, toi la Creusée, lorsque tu disais que ce monde n'avait de valeur que parce qu'aucun de ses éléments n'était vrai, et que lui-même n'avait absolument aucun sens prismatique ? C'est la théorie du rien, et qui fait vivre à l'infini ceux qui se meurent dans le prétendu sensé.


Alors oui, reprenons. Récusons la nonchalance qui conduit à l'improductif reflux. Étourdissons les lignes du soupir, qui nous enjoignent à comprendre la mauvaise place de nos corps. Sachons dogmatiser l’ignorance, aimons les hommes, les feuilles de l’automne, primons ce que nous sentons être lumineux, quelques mots évoqués par untel, quelques phrases d’absent espoir. Donne-moi ton souffle, et je te donnerai le mien, paraphrasons les mythes des anciens, qui installèrent pour nous l’étal de bronze pour nos vies à déconstruire. J’aime la lumière du Soleil, et celle de la Nuit, j’aime le sourire fécond que tu avais, en ce mois d’avril révolu où nous jouions dans la neige, j’aime ce besoin de demain comme une insulte ou bien un rire, ce désir d’espace, et ces stimulations soudaines déposées par les mots. 



Reprenons, et ne nous arrêtons plus, car seules les tensions apportées par nos replis digitaux alimentent quelque complicité entre nos douleurs et nos corps. Reprenons les rimes, les saisons moroses, la joie du train qui passe, la puissance d’une mélodie qui nous emmène en arrière. Reprenons enfin les images que nous nous faisions des idées salvatrices. Elles étaient raison au tarissement des lignes. Il fait bon, à Paris, en Novembre, et tu sombrais sans diligence. Il fait bon, une lame sur le front, la bouche grande ouverte. Il fait bon penser clair et rétréci, dans l’héritage promis. Il fait bon passer la main sur les pierres d’étranges couleurs qu’on trouve au pas des portes, ces pierres qui nous invitent à rassembler nos lyres, et nous arrêter tous ensemble dans les demeures interdites. Tu viens, Bobby, tu viens Judy, tu viens mon frère, tu viens Princesse aux yeux de lierre qui s’agrippent à mon cœur ? Nous pourrons sourire comme avant, comme aux curieux temps des grâces, préalables à nos mensonges de nouveaux-nés. Tu viens ? Nous étions là, oui, poussières ou bien rois, dans cet univers affable ! Ces milliers de germes ambrés, ces marbres aux vernis éclatants, ces émeraudes truquées sont la preuve de notre errance à travers les temps, et du plaisir que nous avons pris à traverser les lignes de l’espace. Soyons fou. Reprenons. Walt Whitman s’écriait :

Sous les étoiles le silence de la nuit,
La plage de l’océan et le murmure craquant de la vague à la voix bien connue,
Et l’âme tournée vers toi, Mort aux vastes voiles,
Et le corps reconnaissant niché tout contre toi.

Son chant joyeux trahissait sa grande assimilation de la complexité de nos états, pourvus d’une affiliation interminable et terrible, à la mesure du potentiel déchu des âmes de ce monde. Écoutons ses dires, ceux de quelques autres, et reprenons les nôtres. Le plus grand des mépris que l’on peut accorder aux races, ça n’est pas d’être blêmes et aliénées, mais d’avoir établi l’honneur en qualité. Reprenons la plume, et combattons ensemble, car nous vivrons vieux, quel qu’en soit le monde.

mardi 29 juin 2010



Pavane-toi aux phalanstères, et regarde au loin les signes du passé : l'explorateur avait foi en l'errance, il avait fui la France. Aujourd'hui faits de couches, de reliques et de faux mâts, il fait bon nous terrer dans nos huttes emmurées. La sagesse d'un socle est promue par les gueux, aux multiples visages mais celui de ce monde et de sa noblesse apparente. Réunis par la farce, mais enclins à en rire, où est l'espace, Judy, le rayon de la Lune sur nos pas qui avancent ? Où est la scène réfléchie, la signature du renom ? Reste où tu es, ou bien file à l'envers, qu'importe, au fond on te pousse à capturer pour l'apprivoiser la part la moins noble de ton méprisable inconscient. Partir, pourtant, malgré nous, malgré tout, filer aux devants des chutes d'eaux rassasiées de caillasses, et qui s'écrasent désormais sur de l'orge, des feuillages épars, et tes prunelles apeurées. Prends ma main, Judy, ce monde n'est pas le notre. Nous sommes plus riches, moins las, nous sommes l'absence et l'ignorance, nous sommes le reflux des caresses où s'arrête leur mensonge. Nous serons des hymnes, des reines, et toi la lumière des printemps, nous serons l'image affinée des nervures arrachées de leurs corps.

dimanche 13 juin 2010

Menelik II d'Ethiopie.


Mais si l'ennui. Mais si la merci de ces gens ne s'apparentait qu'au désastre... Mais si l'envie. Et si l'on n'était, au fond, que des santons de pierre, avec nos larmes de pêcheurs, parfois blêmes, parfois sans noms, et un peu superficielles. Et si les pions, sur l'échiquier, devenaient les rois de demain ? Nous pourrions, nous aimer, alors, Anne, et redevenir ce que nous étions jadis. Le faire-semblant est une insulte, et pourtant, la profération est une chose qui nous assiste, qui nous rattrape et nous entraine, une idée qui nous aime. N'oublions pas ce qui nous soutire. En un sens, ce monde est rouge. Mais il est aussi comblé de haine, et nous nous retrouvons au bar, comme des enfants à la recherche d'un nouveau crime. Regarde le ciel ! Regarde les étoiles, oui, et ceux qui nous envient ! Regarde la sagesse, l'image d'un soupir, regarde le lac, au loin, qui se ternit avec la tombée du jour, car les fables sont noires, et ton lit s'est refermé sur ta fausse morale. Assumons les prismes de l'errance. Assumons la croix, et nos dos aux sueurs écarlates. Songe, songe, Andy, les lignes vertes d'un Texas lointain t'enivrent d'un espoir que tu sais faux, car au dehors, il n'est que mers agitées, et océans sincères. Les flots sont rudes. Les mots aspirent la partie de toi qui se retrouve, au soir, dans le coin d'une bière aux acides redoutés. Chaloupe ta démarche, et redécore ton rire, Andy, chiale comme une ange, Andy, comme une larme éteinte. Je veux le soir, la défaite, le devenir incertain, je veux l'absence de remords, de la part des pensées honnêtes. Nous-mêmes, brisons l'espace, la Lune et l'Idéal, et secrètement, bénissons toutes sortes de crises politiques.

mercredi 9 juin 2010

Mémoires de Retz.



Grisaille, tendresse, et puis dégâts. Le monde est fronde, l'automne s'avance au beau milieu de Juin. Quels appels nous invitent à sublimer nos corps ? Quelles affaires mauvaises et silencieuses accaparent nos envies d'envol ? C'est un Paris sournois, le parfum brisé de la mer, le souffle rocheux des clapots insensés qui nous recommande la prudence, l'espoir encore peut-être, mais l'endémique prudence. Charlie, où sommes-nous donc ? Que nous propose t-on, enfin, en guise de rédemption ? Les récits sont obstrués, semblables à des amphores aux relents paternels, et les mots comme autant d'écoutilles amères parviennent  à savamment assimiler nos peines. Quelques folles jeunes filles aux jambes aiguisées passent sous mes yeux, et je les regarde avec désir, Rue du Louvre, à Paris. Elles n'ont pas vingt ans. J'avance avec méfiance, tant ces rues me paraissent à chaque instant pouvoir se refermer sur ma frêle silhouette. Les odeurs de bitume me rappellent à quel point il fait bon être libre, au fond, dans cette geôle sans largesse. Et le regard de ces lâches, Charlie, et la beauté d'un prénom, et l'ironie du chien qui se sait mort, et les parties sans cesse affutées, de la déchirure charnelle de nos corps ! Mercredi 9 Juin 2010. Tout est calme. Il fait si gris que le ciel en devient rouge. Et je fatigue, et je suis presque à en jouir, Charlie. Car nous étions deux, et l'enfance qui délibère ne retient que le goût du sang. Il est des basques, dans l'Idaho.

samedi 29 mai 2010



Barbara, Cioran, l'ennui, et les bières d'un soir. La solitude en guise de rédemption, le souvenir des caresses, la trahison des songes, l'absurdité d'une nuit passée au calme, sans horizon fécond, sans ligne bien définie.. Que je pêche encore dans ces tristes liaisons ! Nous sommes des fées, des rimes, chacun une clé sans réflexion, car si les portes sont là, les portes sont vives, sans gond charnel, les portes sont closes. Dormons. L'automatique écriture annonce l'orage, l'espoir, la fin. Le courage disparait. Et si nous étions rois ? Femmes sans nom, comme je vous aime. Ivresse absolue, comme je me reconnais en toi. L'ombre d'une naissance, le faux sourire d'un samedi soir. Signe et tu verras. Sommes-nous dignes ? Au fond, il est bon de le penser. L'ennui se repère aux douces annonces, aux sarcasmes assumés. Il pleut sur Angers, non loin de Nantes. Il pleut sur Trondheim, il pleut sur les côtes éteintes d'un Azur trop débonnaire. Il pleut sur Paris, et quel que fut l'éclat du jour, il pleut sur les faces chapeautées des jeunes hommes à jeun. Façades enseignées, où est le véritable Bleu ? Dans le Sud ? Ou dans la Neige ? Dans l'Ouest mal compris, dans l'Amérique profonde ? La danse est sincère, et c'est bien le seul songe qui me convienne encore. Prends ma main, Marie. Prends ma main, Anne. Prends ma main, aimée, prends ma main, Ô histoire maudite. Prends mes lignes racontées, et qui me disent quand je les lis que demain est une autre ivresse, un nouveau souffle coupé, une fleur sans couleur, mais avec quelque savoir, peut-être. Untel, Unetelle. Un ami, un bonheur erroné. Le sachant, le non-sachant, au fond, ils sont tous semblables, les hommes de cette terre. Au fond, nous tous des larmes, nous sommes tous l'ombre d'un nuage. Au fond, nous sommes tous des villes, aux couleurs indistinctes, nous sommes tous des anges, un peu ici, un peu au ciel. Car nous sommes tous sans vie. Alors, à quoi bon ? Saint-John, le Perse et le Gambler, sont pour nous des espaces devant être acceptés, devant être éprouvés. Provoquons la morgue. Soupirons l'oubli. Ne soupirons pas l'ennui. Alt er bra, pas de relectures, car le songe est roi. Alt er bra, car je suis parfois là, et parfois sans sanglot. Je ne sais rien de tout cela, mais je sais que je t'aime encore. Je ne sais rien de ton effroi, mais je sais que je suis ce bois séché, qu'ils rechignent à voir. Je ne sais rien de tout cela, mais je sais qu'il est des bonjours salvateurs. D'autres, qui ne le sont pas. Qui ne le seront jamais. J'étais parti, je suis revenu, me voilà à nouveau né, à nouveau mort, comme s'il faisait bon d'être absurdement réfractaire aux choses de l'inhérence. Tout ce que j'ai pu sentir et penser se confond avec un exercice d'anti-utopie. Tout ce que j'ai pu faire était étrange. Tout ce que j'ai voulu n'avait de sens. Replions-nous, rapetissons les choses qui nous font vivre. Rapetissons l'enfance, rétrécissons le lever, comme le sommeil, ou comme la vie. Car demain, où sommes-nous. Dieu n'est pas qu'un songe. Appelons-le comme on le veut. Pitié, sagesse, donne-moi le Feu. Donne moi l'arme aiguisée. Donne moi la fin. Et bénissons ensemble les mots qui nous guident. Bonne fête des mères.

samedi 22 mai 2010

Texte d'avant,



Ce matin, au réveil, à l'issu de rêves mal assumés, j'ai ouvert un cahier, et puis j'ai retrouvé ce texte.

"Avril 2008-

Sans saveurs nouvelles. À nouveau sans éclat. Ce monde est beau dans sa grisaille, il est gris dans sa douceur et calme comme l'oubli. Ce monde est sale.
L'amour s'annule dans les mots incompris, et je recherche l'extase nouvelle dans des doses d'ennui. Triste état ?
On songe à l'ignorance, tour à tour, aux savoirs déchus, mais l'esprit libre est incompris. Où sont les déesses, Lord, du désir désordonné ?
Pas chez elle, pas chez lui. Certains savent, parmi mes proches. Lis et tu verras ? Non, souris, et tu entendras. L'honneur ne sera sauf que dans le moi, ou la négation du moi, dans la connaissance parfaite et exclusive d'une entité aimée. La rédemption des rires soumet l'effort social à une épreuve déconstructive.

Il n'y a pas de place pour deux dans l'espace froid d'un cerveau libre."

mercredi 12 mai 2010

Le métier de faussaire.



Pancrace, Mamert et le brave Servais ! Plein dans le mille, banco, bon gros weekend et pas un rayon qui vient de derrière les nuages. Les adages ont encore quelque sens, on ne s'en plaindra pas. L'irrationnel se doit d'être un maître mot. La dernière réflexion, pardon, concerne l'Amérique. Étonnons-nous. Et si le Nord avait fait sécession en premier, s'interroge l'historien ? Et bien, oui, c'est fort probable, le Sud en aurait été fort aise, et n'aurait pas cherché à préserver l'Union. Il n'y aurait pas eu de guerre civile, et l'abolition des servitudes aurait attendu quelques temps encore, au doux pays du coton. Mais le Nord a été malin, il a attendu, et c'est un Lincoln assez cool mais sans plus envers les blacks, mais surtout haï par les mecs à tachemou du Deep South qui se fait élire président. No more choice, on a le sang chaud sous la Mason-Dixon, et l'honneur de ceux qui se sentent laissés pour compte (mais qui exploitent quand même des niggers). Bam. Grosse guerre. Grosse inspiration pour tous les folkeux de la fin du XIXème. Gros Jimmie Rodgers, grosse Carter Family qui accouchent de cette subite évolution sociologique. Paris, Mercredi 12 Mai 2010. Au dehors, le Soleil peine à montrer sa gueule. Il fait froid. Eh, Bobby... Il y a des Saints de Glace en Amérique ?

jeudi 6 mai 2010



L’enfer. L’envie, la contractance des fonctions idéales. Dans les théorèmes absolus, on peut regretter le trop grand sérieux avec lequel certains s’oublient. Pourtant, c’est assez juste. Les mathématiques sont l’essence même de la philosophie. On cite Gödel, l’incomplétude, ou bien Bolzano-Weierstrass. C’est agressif. Ca sonne bien.

Les britanniques votent. L’attentat est avorté, à l’angle des rues les plus méritantes. Broadway remains. On soupire, mais est-ce un réel réconfort que de voir autant de connexions déphasées remplir les cœurs de ceux qui luttent pour que la société ne change pas. Tout est calme dans le village. C’est l’heure où Jacques Lantier sort de son dépôt, et se surprend à vouloir aimer les femmes. Nous sommes tous des Jacques Lantier. Nos putrides génuflexions de chaque instant, au devant de l’autel de l’amour, ont bien pour unique but de nous faire réaliser nos besoins de tuer. A quoi bon en rougir. C’est bon, le sang.

Victor Considerant, joyeux français, fouriériste et icarien, tente d’établir à Dallas, Texas en 1850 un mystérieux phalanstère, où les hommes vivraient en harmonie, selon des principes égalitaires. C’est un échec, et le voilà de retour dans notre sainte patrie. Utopian Colonies, dont les vestiges mêmes s’insurgent contre l’absence de personnalité des passants des déserts. Le sable est dans Paris. Le Christ était Roi. L’égalité se doit d’être divine, ou bien elle est sans objet. Jacques Maritain a un square à son nom, boulevard du Montparnasse.

Tiens, François Baroin n’est plus avec Marie Drucker.

Jacques Lantier, le loulou de Zola.
Le formidable théorème d'incomplétude de Gödel.
Victor Considerant et ses tentatives avortées d'apporter un peu de communisme au Texas.
Jacques Maritain, philosophe catholique et un peu social, mais moins que l'Abbé Gaillot.

lundi 3 mai 2010

Serpentant l'horizon avec un regard de brebis.



Bobby Jindal. La gestion du fuel par les indiens de Louisiane. Les indiens d'Inde, Monsieur Colomb. Le premier à gouverner un état. Il y a cent vingt ans, si on avait demandé au président Garfield de nommer un gouverneur indien dans le Sud, il aurait sûrement proposé le nom d'un vieux chef Choctaw ou Chickasaw. Les temps changent. Les indiens, ceux des réserves, continuent leur chemin de picole, à l'abri des regards. Leurs bayous seront bientôt pourris par de la mélasse, la joyeuse mélasse des nouveaux arrivants. God Bless America, et les sacs en peau d'alligator.

Kråkesølv. On écoute un coup les chansons du Chnord, du fin fond de l'espace, d'un Bodø aux relents impériaux, du temps où Madrugada était l'âme enivrante de tous les enfants troublés. La Norvège n'est plus qu'un songe. Il fait bon se souvenir de ses propres larmes.



Tu te souviens de ce qu'elle disait, la folle ? Voltairine de Cleyre, née en 1866 à Leslie, Michigan, dans ce lieu même où l'on aurait rêvé naître, fille de froggies, et qui a écrit un bouquin s'intitulant, tout simplement : Le mariage est une mauvaise action. Avalé il y a quelques mois. Rue89 nous intrigue donc, avec ses articles sur l'histoire du socialisme francophone aux USA entre 1885 et 1915. On dépense ses sous, on verra bien.

Kråkesølv's myspace, Bodø rocks.
Bobby Jindal, premier gouverneur indo-américain.
Volatairine de Cleyre, féministe en anarchiste américaine.
James Abram Garfield, président américain assassiné par le barbu au nom franchouillard Charles Guiteau, en 1881.
Ces Français qui voulaient faire la révolution en Amérique, article de Rue89 du 2 Mai.

mercredi 28 avril 2010


 L'histoire renouvelle ses contresens, l'orniérage parchemine désormais la façade interne des routes sur lesquelles on nous jette, au droit de nos envies. Plus de bitume, sur les ruelles de demain. Mercredi, les amis. A Dieu va. Mercredi. L'épicentre de la semaine. Les colères et les fatigues, les douceurs et les délits, tout prend forme en son vil sein de Mercure. Mercredi des tendres. Soucis assermentés, saluts débonnaires. Une semaine dans le temps, nous avalions des cendres. Le titre de notre journée sera peut-être : Le Think Tank Mariniste de Louis Aliot. On aime les formules bien dites, et les mots qui claquent. Celle-là, littérairement, est efficace. On aurait pu choisir aussi : Fabrice Tourre nie en bloc et défend Goldman Sachs. Le nombre de syllabes est bon, mais le "et défend" ne passe pas. Trop académique. Je l'arrangerais autrement, soit sous cette forme :

Fabrice Tourre,
Nie en force
Et défend
Goldman Sachs.

 Ou bien, quitte à apporter des modifications, et à vouloir claquer fort, quelque chose dans ce genre : Fabrice Tourre nie en bloc, sa catin : Goldman Sachs. Ou bien encore Fabrice Tourre sans entrain, Golden Sachs ferme à chiens. Les combinaisons sont multiples, et même infinies, princesse, lorsqu'on en appelle à l'imagination. Princesse ? Je me révolte. Une vieille veuve bornée que rencontre Gordon Brown. La dictature du micro mal fermé. Je rêve d'un président qui dit bite et chatte, et cassez-vous tous, bande de cons. Et d'un peuple un tantinet moins hypocrite, qui pourrait malgré tout l'insulter comme un sale, le Prélat, sans risquer de sauter. Miam miam miam, et à bientôt.

Au fait. Devinez où c'est, la photo. Un bonbon pour le gagnant.



Louis Aliot quitte son poste au FN.
Fabrice Tourre nie en bloc et défend Goldman Sachs, article du monde.fr
La gaffe à Gordon.

lundi 26 avril 2010

L'herbe bleue.

Baise le monde et vogue la galère. Infante les blessures du demain, à coup d'espoirs mal maîtrisés. C'est lundi, il fait encore beau. Que le week-end fut bon ! Les espaces entrepris pour calmer nos ardeurs, nos soifs, nos remords, nos solides amitiés. Tout fut envisagé. Les cernes sur les yeux ont une odeur de plaisir. Enfin. Celles de demain seront d'un autre signe. Et je me prendrai à rêver à nouveau du Kentucky, où l'on fit du son avec de l'herbe bleue. Belle enfant, monde sans ligne, paix sans art. Saint Bourbon.


Où sont les roses joues du passé ? Voilà la véritable chaire, l'espace des mystiques, la route des affamés. Sweet Lily of the West, Ô ma Flora, comme je te désire.



C'est la fête, vraiment. 1996, l'année du titre. Dans cinq jours, gros match. Le foot, les putes, c'est bon. Ernest-Théodore Valentin Deschamps fut ordonné prêtre le 24 juin 1900. Son père était un boucher rad-soc. Allez Auxerre, putain. Allez Auxerre.




Bill Monroe, le père du Bluegrass.
Lily Of The West, la chanson préférée de Joan Baez.
L'abbé Deschamps, père d'un stade.

vendredi 23 avril 2010

Fricotis chromés.


Ribouldingue ! Le petit gars un peu filou, ancêtre, ou bien grand frère du capitaine Haddock ! Barbe acérée, mauvais coups en poche. Je crois bien que j’ai rêvé de lui last night. J’étais entouré de deux enfants, ou bien peut-être était-ce des jeunes adultes. Je ne sais plus. La frontière est mince, les gens s’y trompent souvent. Ribouldingue donc ! Pourquoi lui, et pas un autre ? Des trois pieds nickelés, le plus roublard me paraissait être Filochard. C’était mon pote, jadis, aux soirs où je rêvais des méfaits que je ne savais commettre. Il dépeçait les ennemis à ma place, celui qui avait osé embrasser ma secret lover. Ma secret lover de huit ans. Ouais, on a tous été amoureux d'une fille de huit ans. A l'époque où l'on se liait pour la première fois d'amitié avec des fripouilles déssinées. Ribouldingue, il était un peu foufou. Pas franchement malin, mais pétri de bon sens. Sacrebleu.

 Les deux gamins qui tournaient autour de nous dans ce rêve étrange voulaient nous entrainer au concert de Peter LaFarge, le pote indien de Bob Dylan. Il y serait question de la bataille de Iwo Jima Hill, et de la ballade de Ira Hayes. Tout émoustillé par la proposition de ces deux chenapans, nos pas guidés par la silhouette lourde de Ribouldingue, nous approchions de l'aéroport où devait avoir lieu le concert. Horreur ! Celui-ci était fermé ! Infernales pensées ! Il semble que quelques Vikings, revendiquant fermement l'héritage des terres américaines, avaient décidé de cracher des cendres fétides de leurs lèvres blondes sur l'odieux Native American. LaFarge était coincé par les délires d'Erik Le Rouge. Sur ce, Ribouldingue explosa, et je me réveillai. Trop plein d'absurdité.




Au dehors, il faisait beau. Je n'avais pas pris la peine de fermer mes volets, hier soir. Aux nouvelles ! Que dit le monde ? Polanski va devoir prendre l'avion, bientôt, pour répondre de ses crimes. "Je ne suis pas Simone Schultz", dira t-il avant de sauter du haut de sa montagne Suisse, pour échapper à l'infâme justice des hommes. Il viendra s'écraser tout en bas, sur la Grèce qui fond, et que quelques idiots qui pourtant votèrent Oui à l'étrange constitution, voudraient rendre désuète. J'enrage.


Mon fond d'écran a changé, c'est une carte élargie de dame Louisiane. Sous mes yeux, devant moi, les paroisses de Lafourche et de Beauregard affichent bien haut leur fierté cajun. Les onglets qui masquent la ville de Shreveport sur le grand écran plat portent le nom de chantiers de tuyauterie en cours, dans la ville de Paris. Je suis en pause, mais au boulot, et hop hop, je crois qu'on a besoin de moi. J'enregistre, je vous enverrai ca ce soir.

Bien cordialement.


Peter LaFarge, the Indian Cowboy.
"Je ne suis pas Simone Schultz !", tirade tirée du sacré bon Locataire, de Polanski.
Ribouldingue, Croquignol et Filochard, les trois pieds nickelés.

jeudi 22 avril 2010

Entremets.


Et tu chantes. Et tu ries, tu regardes les enfants passer, depuis le troisième étage. Tu fais gaffe au café, il est chaud. Tu téma vite fait la meuf qui passe. Elle est pas bien belle, mais elle a le mérite d’être dehors à 8h57. Les news ? Tout pourri. Les gars qui vont aux putes, et qui tapent le ballon. La fin du volcan qui pète. Les dames qui se cachent, sur la terre venteuse, et qu’on veut empêcher d'être couvertes de noir. Projet de loi. Quand j’étais petiot, je me cachais derrière les arbustes du grand jardin, à la campagne. Comme une fuite. « J’ai cru que tu avais mis les voiles », disait grand-mère. Allah Akhbar.



Et tu ries, encore. Tu as les yeux tirés de la bière de la veille. Tu doses. Le boulot n’est pas si mal. Qu’est-ce qu’on va se lire, the next weeks ? Le fiston Bernanos, on se l’est enfilé en trois RER. Lovecraftien, court, efficace. Et maintenant ? Plus que deux cents pages du pavé de Russell Banks, sur l’abolitionniste John Brown, qui partit pourfendre le Sudiste dans le Kansas. Cool, l’histoire, mais un peu chiant, à force. 800 pages, ça va quand Voldemort meurt au bout du compte. Je suis fatigué.



Tefoo, toujours. Les gars vont sur les champs, niquent une blonde. Red card. Sors du terrain, mets les voiles. Et puis Kashvi, Vikash, Dhorasoo, sur son blog, il raconte le dernier concert de Daniel Johnston. Ouep ouep. Indie-foot.

Tu chantes. Et tu ries, tu prends un peu de temps. La journée sera longue, ne soyez pas méchants. On ne citera pas Mac Orlan, il avait tort. L’aventurier n’aime pas la discipline. Il ambitionne l’inégale répartition des souvenirs qui viennent. Commençons au plus vite.


Michel Bernanos : La Montagne Morte de la vie.
Russell Banks : Pourfendeur de nuages.
Blog Dhorasoo sur Daniel Johnston.
Wiki page de l'abolitionniste John Brown. 
Zahia Dehar, la teupu des bleus.